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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 08:22

DSCN1279Un matin, 7h30, le téléphone sonne, à l'autre bout, une voix qui semble très jeune : "Allo, Madame Croco, désolée de vous déranger si tôt mais j'ai une demande un peu particulière et je ne sais plus à qui m'adresser".

Sentant un début de panique dans cette voix et un côté "pitié-vous-êtes-mon-dernier-espoir", je l'encourage à continuer.

La voix : "Voilà, j'habite Grenoble, j'ai un lapereau nain angora qui vient de République Tchèque cet après-midi, mais... Il arrive en camion à 14 h sur le port de Gennevilliers (Gennevilliers -> Grenoble = 600 kilomètres !).

Moi : "Oh, là, là, je ne peux pas faire Gennevilliers-Grenoble dans l'après-midi, mon planning est déjà plein".

Elle : "Euh, non, en fait il s'agirait de le prendre à Gennevilliers puis de l'amener à la gare de Lyon, dans Paris, pour lui faire prendre le TGV Paris-Grenoble de 16h38.
En gage de ma bonne foi, je peux vous faire immédiatement un premier virement bancaire à compléter dès que vous aurez établi la facture globale".

Moi : "Aaaaah bon, OK, ça change tout, si vous avez quelqu'un qui m'attend à la gare de Lyon je peux aller chercher votre lapereau et le lui apporter sans problème".

Elle : "Ben... en fait... Je n'ai personne à la gare de Lyon, il faudrait que vous vous chargiez de trouver un voyageur qui prend le Paris-Grenoble de 16h38 et accepterait de transporter mon lapereau. Bien sur, je paie le billet du lapereau et je m'engage à rembourser son propre billet au voyageur sympa".

Moi, sentant venir la mission mortelle à haute dose de stress : "Ecoutez, c'est délicat, supposez que je ne trouve aucun voyageur prêt à assumer un lapereau inconnu, même contre le remboursement du billet".

Elle : "Je ne sais plus quoi faire, je m'étais adressée à un de vos confrères, je lui avais fait un premier virement et il me plante en m'envoyant ce matin un mail laconique qui m'informe qu'il a des problèmes mécaniques et ne pourra pas faire le transport".

Là, je me suis dit que le confrère en question (je te donne son nom par mail si tu veux éviter la même mésaventure) se fout du monde et que, si moi je m'étais engagée comme il l'avait fait, j'aurais effectué le transfert, quitte à le faire en taxi !


Je réalise aussi que, si c'était mon lapereau qui arrivait à 600 kilomètres de chez moi sur le parking d'un port industriel sans personne pour aller le récupérer après avoir fait 2000 kilomètres en camion, je serais totalement désespérée.

Moi, comme il fallait s'y attendre : "OK, OK, ne vous inquiétez pas, je vais déjà aller le chercher et je vais me débrouiller pour vous trouver un voyageur compatissant, je ne vais tout de même pas vous laisser dans cette situation".

Port de Gennevilliers, 14h, je cherche un truck blanc dont j'ai la marque, l'immatriculation et une vague idée du parking où il se trouve. Je sais aussi que le chauffeur est tchèque et parle (peut-être) anglais. Je sais également que le lapereau s'appelle Léon.

Heureusement que je suis en tenue de travail avec parka, jean et chaussures de marche parce que, sinon, je me demande bien de quoi j'aurai l'air à arpenter les parkings en regardant les camions avec insistance...

Je trouve le camion, je trouve le chauffeur qui me confie le lapin qu'il installe dans une boite en carton  percée de trous [je ne la sens pas du tout la boite en carton quand je pense aux incisives du lapin !] et dont il rabat simplement le couvercle sans même y ajouter un morceau d'adhésif... Il me confie un bocal de graines et un dossier qu'il appelle "petit gris" et qui s'avère être le "pedigree" du lapereau.

Je pose la boite contenant Léon à côté de moi dans la voiture. D'habitude, les animaux voyagent à l'arrière, mais là, va savoir pourquoi, je préfère garder un oeil sur cette "cage" en carton qui me semble peu apte à retenir un lapin, même bébé, qui serait tenté de mettre les bouts.

Arrivée à la gare de Lyon, j'achète le billet de Léon à un guichetier goguenard qui estime que faire voyager un lapin vivant est le meilleur moyen d'être sur que la viande est fraiche, et je découvre qu'un Paris-Grenoble coûte 5,10 euros pour un lapereau de 400 g voyageant dans une boite en carton ! Ben voyons...

Ensuite commence un grand moment de solitude. Un coup d'oeil sur le panneau annonçant les départs me permet de comprendre que le numéro de quai risque de n'être annoncé qu'au dernier moment et qu'il sera peut-être un peu tard pour tenter de convaincre un voyageur en route pour son wagon.

Après avoir vainement tenté d'obtenir qu'on me passe une annonce au micro, avoir demandé s'il existait une possiblité de mise en relation avec un voyageur du Paris-Grenoble, avoir négocié aprement pour tenter de trouver une solution intelligente, je découvre qu'à la SNCF, seuls les trains sont en mouvement.

J'ai donc commencé par faire le tour des salles d'attente où j'ai découvert que les personnes qui y sont installées attendent plutôt l'été qu'un train et qu'il y a peu de probabilités que l'une d'entre elles parte pour Grenoble à 16h38.

Ensuite, j'ai fait le tour des bancs et de tous les endroits où les voyageurs s'assoient en groupe en attendant leur train mais, va savoir pourquoi, avant même que j'ai fini de dire "Bonjour Messieurs-Dames..." tout le monde avait replongé le nez dans son journal ou regardait la pointe de ses chaussures d'un air embarrassé.

Pour la deuxième fois de la journée, je passe très exactement pour ce que j'ai pourtant la chance de ne pas être et ça ne m'est pas confortable, tu peux me croire.

Pour finir, je m'installe sous le panneau affichant les départs et je rédige une affichette disant "Cherche voyageur du Paris-Grenoble de 16h38 acceptant de convoyer un lapereau contre remboursement de son billet".

Là, enfin, j'attire des regards intrigués et curieux, certains me sourient, d'autres ont une moue qui dit qu'un lapereau c'est dégueu, certains ont un haussement de sourcils.

Au bout de 2518 ans, un homme assis un peu plus loin me fait signe. Pendant une bonne minute je me demande si c'est bien à moi qu'il fait signe, s'il a pu lire ma pancarte de l'endroit où il se trouve et si les choix illimités qui s'offrent à moi pour la réussite de la "mission-Léon" me permettent vraiment de chipoter.

Je m'approche, je valide avec lui : "Vous allez à Grenoble ? Par le 16h38 ? Vous êtes prêt à emmener le lapin ?"

Comme il répond "oui" à chaque question, je lui explique que la propriétaire du lapin l'attendra sur le quai, que je vais le photographier et envoyer son portrait et son numéro de portable à la dame pour qu'elle le retrouve de suite, que je lui donne le numéro de portable de la dame et le mien, que la dame lui remboursera son billet à l'arrivée, etc...

Là, il me sourit et me dit que ce n'est pas la peine, qu'il transportera le lapin pour rien, qu'il voudrait juste le voir.
Je réalise alors que c'est la moindre des choses d'entrouvrir un peu cette mystérieuse boite en carton percée de petits trous afin que mon voyageur sache sans doute possible que c'est bien un inoffensif lapereau qu'il s'apprête à installer dans le wagon à côté de lui. En fait, quand je lui ai remis le dossier contenant le "petit-gris", il n'a pas été surpris mais il a par contre regardé d'un air circonspect le bocal de graines.

Bref, mon voyageur a bien convoyé Léon qui est arrivé sain et sauf à Grenoble après avoir parcouru 2600 kilomètres, ce qui est énorme pour un lapereau de 2 mois, tu en conviendras. Sa propriétaire a poussé un "ouf" de soulagement qu'on a probablement entendu jusqu'au Paraguay.

Si tu pensais, au fond de toi, que mon métier est trooooop cool et que vraiment ça doit être trooooop fastoche de gérer des mini-lapins, je supposes que tu viens de réviser ton jugement.


PS : le bouquet qui illustre l'article, je l'ai reçu le lendemain de la "mission-Léon", en remerciement de mon action et ça par contre, tu peux le dire, c'est troooop cool.

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commentaires

F
<br /> <br /> chat me plait ,vendredissime<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> voilà la preuve qu'il reste encore de bonnes volontés sur les quelles on peut compter !<br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> Punaise... Alors celle là, faudrait pas me la faire...<br /> <br /> <br /> Je crois que je n'aurais pas pu faire confiance à ce brave monsieur qui a accepté de transporter le lapinou. Trop peur qu'il lui arrive un truc.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> J'ai du loupé un épisode: pourquoi, elle voulait un lapereau de si loin ? Bon dimanche Claudia<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Ouf, elle fini bien ton histoire, parce que tout du long j'ai vraiment eu peur pour Léon, tu sais ..ben oui tu sais que il y a desz gens qui adorent les lapins ..à la moutarde et j'aurais craint<br /> de tomber sur ce genre de types !<br /> <br /> <br /> Enfin voila ce ne fut pas le cas et bravo !<br /> <br /> <br /> <br />
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