Premier épisode ici : CLIC
Deuxième épisode ici : CLIC
Je suis restée cachée pendant une éternité. Les chats de la maison venaient me voir, il y avait un grand chat noir qui
parlait la langue de la rue et m'expliquait que j'étais en sécurité. A le voir aussi détendu, j'avais vraiment envie d'y croire.
Pendant plusieurs jours, je suis restée cachée, je ne sortais que la nuit pendant que les humains dormaient et j'explorais ce nouveau territoire. Je cherchais une issue, je tournais en rond,
c'était si petit et si... fermé.
J'observais tout. Les humains n'étaient jamais menaçants et les chats qui vivaient ici n'étaient pas inquiets, pire même, ils recherchaient le contact des humains, se laissaient toucher,
manipuler. Non seulement ils n'avaient pas peur mais ils semblaient y prendre plaisir.
Comprenant que je n'étais plus en danger et que, pour rester en contact avec les chats des lieux, il me fallait vivre hors de ma cachette, je suis sortie. Je surveillais les humains et, au
moindre mouvement de leur part, je filais, mais pour revenir tout de suite car ils ne me poursuivaient jamais.
Peu à peu, j'ai pris possession de tout le territoire. Je restais près des autres chats, ils m'apprenaient ce que sont les humains et comment l'on communique avec eux pour profiter sereinement de
ce qu'ils ont à nous offrir.
J'observais, j'enregistrais, je comprenais, j'imitais. La terreur avait laissé la place à la curiosité et à la prudence. Souvent, les humains tendaient la main vers moi, j'esquivais
le contact mais je m'éloignais de moins en moins, j'avais presque envie de savoir ce qu'on ressent quand ils nous touchent sans brutalité. Après tout, cette nouvelle vie présentait beaucoup
d'avantages : je pouvais dormir tranquille, je n'avais plus jamais faim, et plus jamais froid, toute violence avait disparu, la peur s'éloignait, je me sentais plus reposée et plus calme.
J'en étais arrivée à vivre simplement en profitant de ma nouvelle vie et de mes nouveaux camarades quand l'humaine à prit l'habitude de s'enfermer chaque jour avec moi dans la chambre où j'aimais
me prélasser.
Elle me parlait longuement, me suivait chaque fois que je changeais de place, tendait les mains vers moi. Je fuyais bien sur, un peu inquiète de me trouver encore enfermée, mais une ou deux fois,
l'un des autres chats s'est trouvé enfermé avec nous et comme il ne montrait aucune peur, je me suis dit qu'il n'y avait sans doute pas de danger.
Un matin, après l'avoir feintée un moment, j'ai laissé l'humaine me toucher, pour voir... J'étais crispée, très mal à l'aise, mais elle ne m'a fait aucun mal. Je ne comprenais pas encore pourquoi
mes camarades aimaient ce contact, mais au moins, ce n'était pas douloureux.
Un autre jour, l'humaine m'a à nouveau touchée, elle insistait, passait sa main sur ma tête et mon dos alors, par curiosité, je me suis arrêtée et l'ai laissée faire. Il y avait cette sensation
nouvelle qui me venait de ma peau, une sensation plus appuyée que quand nous, les chats, nous frottons les uns aux autres, mais une sensation agréable, quelque chose qui me donnait envie de
rester sous la main.
Plusieurs fois, j'ai laissé l'humaine me caresser, j'y prenais plaisir mais, quand elle ouvrait la porte, je filais quand même car les vieux réflexes de sauvegarde qui m'avaient maintenue en vie
jusque là étaient encore bien présents. Et puis, un matin, elle me caressait, elle a ouvert la porte, je suis descendue du lit pour filer et, arrivée à la porte j'ai réalisé qu'enfin je n'avais
plus aucune raison de fuir. Quand je suis remontée sur le lit pour prolonger les caresses, l'humaine me regardait avec des larmes plein les yeux.
Le temps a passé, même si à l'intérieur on se rend moins compte, j'ai continué d'apprendre. Maintenant, les humains me prennent quelquefois dans leurs bras, je n'apprécie pas vraiment et ne
comprend pas encore pourquoi ils font ça mais ça viendra, je leur fait confiance.
Il y a quelques semaines, une amie de mon ancienne colonie nous a rejoints, elle s'appelle Agathe. Elle était terrifiée elle aussi et se cachait. Je suis allée la voir plusieurs fois, je lui ai dit "regardes-moi, laisses-moi te guider, je vais t'expliquer". Alors, Agathe est sortie, m'a suivie, m'a imitée, elle aussi aime les caresses et les câlins, elle est en train de comprendre.
Je m'appelle Fléa, je suis née dans la rue mais, parce que des humains m'ont traitée avec patience et douceur, j'ai pu apprendre à vivre avec eux.
Agathe et Fléa